Avocats en droit criminel
Qu’est-ce que la généalogie génétique ?
C’est une méthode qui semble sortie d’un polar de science-fiction, mais qui est bel et bien en train de s’imposer, doucement, mais sûrement, comme un outil révolutionnaire pour résoudre des enquêtes qui semblaient à jamais figées.
Tout part d’un ADN laissé sur une scène de crime. Jusque-là, rien de nouveau. Mais que se passe-t-il quand cet ADN n’est répertorié dans aucune base de données criminelle ? Quand le suspect n’a jamais été arrêté, n’a jamais donné son ADN, et ne figure dans aucun fichier ?
C’est là que la généalogie génétique entre en jeu. En croisant les données ADN du crime avec celles de gens qui ont volontairement partagé leur profil génétique pour faire leur arbre généalogique, on peut découvrir des liens familiaux. Même lointains. Et c’est parfois suffisant pour remonter jusqu’à un suspect. Pas directement, non. Mais à travers ses cousins, ses arrière-arrière-grands-parents, ou une vieille tante du côté maternel. C’est un peu comme assembler un immense puzzle, avec des pièces disséminées dans des bases de données en ligne.
Cette méthode a déjà fait ses preuves, notamment en Ontario. En 2022, la police a arrêté un homme de 61 ans, Joseph George Sutherland, pour deux meurtres commis à Toronto en 1983. Les enquêteurs savaient depuis longtemps que le même individu était impliqué dans les deux crimes, grâce à l’ADN laissé sur les lieux. Mais impossible de mettre un nom sur ce profil. Jusqu’à ce qu’ils explorent la piste généalogique, identifient des liens familiaux, et finissent par le retrouver. Il aura fallu presque 40 ans.
Au Québec, officiellement, aucune police n’a confirmé utiliser cette approche. Mais selon certaines sources, des enquêtes seraient en cours. Le professeur Emmanuel Milot, spécialiste en génétique et sciences médico-légales, rappelle qu’une technologie aussi puissante pose inévitablement des questions éthiques. Et il a raison. Car en traquant un criminel à travers sa lignée familiale, on peut faire atterrir des gens complètement innocents sur des listes de suspects. Des personnes qui n’ont rien demandé, qui ignorent même parfois l’existence du parent en question. Imaginez vous retrouver suspecté à cause d’un cousin éloigné dont vous ne connaissez même pas le prénom. C’est pourquoi il faudra encadrer cette méthode, légiférer, et surtout, faire preuve de transparence.
Et puis il y a un autre problème, bien plus terre-à-terre : la conservation des preuves. Au Québec, des objets contenant de l’ADN ont été jetés, perdus ou détruits. C’est ce que dénonce John Allore, dont la sœur Theresa a été retrouvée morte en 1979 dans les Cantons-de-l’Est. Il raconte que les sous-vêtements de sa sœur, contenant potentiellement des traces d’ADN essentielles, ont été détruits cinq ans après le meurtre. Et il n’est pas le seul. Combien d’enquêtes pourraient bénéficier de la généalogie génétique, si seulement les preuves avaient été conservées ?
Si vous avez besoin d’aide, consultez les avocats de l’équipe de Gauthier & Tousignant avocats. Ils vous représentent au Québec et en Ontario. Vous pouvez nous joindre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Lire l'article complet de La Presse.ca
Retour