Quand le virtuel dépasse les bornes : la face obscure des cryptomonnaies.23 Juin 2025  |  Source: La Presse.ca

Quand le virtuel dépasse les bornes : la face obscure des cryptomonnaies.

Tout avait pourtant commencé de manière banale. Un père de famille québécois, patron d’une petite entreprise locale, passait ses soirées à discuter de cryptomonnaies sur un forum Facebook. Rien d’extraordinaire : juste un passionné, comme il en existe des milliers. Il partageait ses idées, commentait des actus, répondait à des questions. C’était devenu une sorte de hobby, une manière de rester connecté à l’évolution rapide de ce monde fascinant.

Mais ce qui n’était pour lui qu’un passe-temps allait soudain virer au cauchemar.

Un jour, sans le savoir, il attire l’attention de gens aux intentions bien moins innocentes. Quelques messages mal compris, quelques suppositions trop rapides… et certains en viennent à croire qu’il détient une petite fortune en bitcoins. Suffisamment pour que quatre personnes, deux adultes, deux mineurs, décident de passer à l’action.

Et ce n’était pas juste une menace virtuelle.

Leur plan, glaçant, avait été pensé dans les moindres détails : une bâche avec un trou, pour passer un bras ou une jambe (et couper proprement, si nécessaire). Des instruments pour stopper une hémorragie. Une voiture sans plaque, stationnée discrètement près de chez lui. Des cagoules. Des armes. Ils n’étaient pas venus discuter crypto. Ils voulaient lui arracher, au sens propre, les accès à ses portefeuilles numériques.

Heureusement, leur tentative a échoué. De justesse.

Mais depuis, sa vie n’est plus la même. Il a quitté son domicile, mis sa famille à l’abri, et vit caché. Impossible pour lui de retourner à une existence normale. Il déménage souvent. Il surveille ses arrières. Il dort mal. Et tout ça, pendant que ceux qui ont essayé de le kidnapper attendent leur procès… chez eux.

Pas en prison. Chez eux.

C’est là que l’incompréhension commence. Comment expliquer que des individus armés, qui avaient préparé une scène de torture, puissent être libres en attendant leur audience ? La justice canadienne est fondée sur un principe fort : la présomption d’innocence. C’est une valeur importante. Mais quand on parle d’une opération aussi violente, aussi préméditée, on peut légitimement se poser des questions.

Et malheureusement, ce genre d’histoire n’est pas un cas isolé.

Ces derniers mois, le monde des cryptomonnaies a vu émerger un nouveau type de criminalité. Pas du piratage ou des arnaques en ligne, non : des agressions bien réelles, dans la vraie vie. À Montréal, Kevin Mirshahi, un influenceur actif dans le milieu, a été enlevé, torturé, puis tué. Dean Skurka, dirigeant de WonderFi, a dû payer une rançon d’un million de dollars pour s’en sortir. Aiden Pleterski, autoproclamé « roi de la crypto », a, lui aussi, été kidnappé et passé à tabac. 

Le problème, ce n’est pas la technologie. 

C’est le décalage entre l’ampleur du phénomène et notre capacité à l’encadrer. Pendant que les plateformes évoluent à toute vitesse, les lois, elles, peinent à suivre. Et dans cet écart, c’est la violence qui s’engouffre.

Alors oui, le monde des cryptos reste plein de promesses. Mais tant qu’on refusera de regarder en face ses dérives, des drames comme celui-ci continueront d’arriver. Et c’est toujours là que la fiction s’arrête : au moment où le numérique, en apparence abstrait, se met à frapper bien trop fort dans le monde réel.

Pour toute aide, consultez les avocats de Gauthier et Tousignant.

Lire l'article complet de La Presse.ca

Retour
Association
professionnelle
Barreau du Québec